Le Journal de Sancerre, dimanche 28 mai 1911:

"La course Paris-Madrid a fourni l'occasion -inattendue- aux Sancerrois de voir et regarder voler au-dessus de leur vieille cité un de ces modernes appareils avec lesquels l'homme s'élance à la conquête des airs. Dimanche dernier en effet, alors que tout le monde était sous le coup de l'émotion causée par la fin si triste du ministre de la guerre, on apprenait à Sancerre qu'un des partants de la course Paris Madrid, l'aviateur Le Lasseur de Ranzay, inscrit sous le numéro 1 et qui était l'un des "favoris" de l'épreuve, était venu atterrir à Ménétréol sous Sancerre près des vieilles ruines des Eaux Belles.

Parti vers 6 heures, avant l'accident tragique qui s'y produit, du champ d'aviation d'Issy les Moulineaux Le Lasseur de Ranzay trompé par le brouillard, avait pris trop à gauche et avait complètement dévié de la bonne direction

Dans la matinée, il atterrit à Saint Martin près Cosne, d'où il repartit avec l'intention de regagner Angoulême but de la première étape.

Mais il avait à peine traversé la Loire qu'il s'apercevait que son moteur avait des faiblesses, ce qui l'obligea à descendre dans les champs du val de Loire, en face Ménétréol.

Aussitôt on accourut de tous les côtés et bientôt ce fut une foule qui, au grand dam de la propriétaire du champ ou reposait l'appareil, Mme Pain de Ménétréol, se trouva réunie aux Eaux Belles, pour contempler l'aéroplane, un monoplan de course Blériot.

Pendant ce temps l'aviateur s'occupait de faire remettre en état son moteur, mais il fallut attendre l'arrivée d'un mécanicien de la maison Blériot, ce qui demanda jusqu'au lendemain. La journée toute entière de lundi permit encore à une foule de curieux, venus de Sancerre, du Saint-Satur et même de Cosne sur Loire, de venir visiter l'appareil, en attendant son départ.

Enfin, vers 6 heures et demi du soir le moteur est remis en marche, l'hélice tourne à la bonne vitesse, tout est prêt pour le départ.

Mr Le Lasseur de Ranzay monte sur le siège ... et en route.

 

Après avoir parcouru une quarantaine de mètres, le gracieux appareil quitte la terre et s'élève graduellement, au milieu des bravos du public. Il file dans la direction de Saint Satur, décrit une courbe, revient son point de départ et se dirige cette fois vers Sancerre et Bourges.

De Porte César, les spectateurs le voient filer sous leurs yeux ravis. Il contourne la colline à toute vitesse, surprenant les vignerons qui n'avaient jamais entendu pareille pétarade de moteur au-dessus de leurs têtes; puis il prend la route de Bourges pour ligne de direction et le grand oiseau métallique n'est bientôt plus qu'un point noir qui disparait à l'horizon ..."

L'aéroplane poursuivra-t-il son vol pour reprendre la course ?

Dans le même numéro du "Journal de Sancerre" à la chronique des Aix d'Angillon :

"L'aviateur Le Lasseur de Ranzay, venant de Ménétréol sous Sancerre, a atterri lundi soir, vers 7 heures aux Collins, près des Aix d'Angillon, par suite d'une panne de moteur.

De nombreux curieux accourent aussitôt pour voir l'aéroplane.

Un mécanicien de la maison Blériot tenta de rendre à l'âme de l'appareil au moteur, son énergie première, mais ce fut en vain, la réparation ne pouvant être réalisée sur place. Le Lasseur de Ranzay ne put donc songer à continuer sa route et, malgré son désir de poursuivre son voyage aérien, il dut donner l'ordre de démonter son appareil et de le réexpédier à Paris. Ainsi fut fait et mercredi le monoplan reprenait par fer le chemin de son hangar. "

 

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